ROBERT MUGABE : LE PARCOURS CONTROVERSÉ D’UN ESPIÈGLE POLITIQUE

Il a remporté la première élection du Zimbabwe après l’indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni, devenant Premier ministre en 1980.

Qui était Robert Mugabe ?

Robert Mugabe est né le 21 février 1924 dans ce qui était alors la Rhodésie – une colonie britannique, dirigée par sa minorité blanche aujourd’hui Zimbabwé.

Il a été emprisonné pendant plus d’une décennie sans procès après avoir critiqué le gouvernement de la Rhodésie en 1964.

1973 : Alors qu’il était encore en prison, il a été choisi comme président de l’Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu), dont il était membre fondateur.

Une fois libéré, il s’est rendu au Mozambique, d’où il a dirigé des raids de guérilla en Rhodésie. Mais il était aussi considéré comme un habile négociateur.

Des accords politiques visant à mettre fin à la crise ont abouti à l’indépendance de la nouvelle République du Zimbabwe.

Grâce à sa grande visibilité dans le mouvement indépendantiste, Robert Mugabe a remporté une victoire écrasante lors de la première élection dans le pays.

Mais au cours de ses décennies au pouvoir, de nombreuses critiques ont commencé à pleuvoir, décrivant l’homme comme un dictateur ».

2000 : confronté pour la première fois à une vive opposition politique. A la même époque, les milices pro-Mugabe ont eu recours à la violence pour influencer les résultats politiques.

En 2008 : Lorsqu’il a perdu le premier tour de l’élection présidentielle, les attaques contre l’opposition ont conduit son rival à se retirer de la course.

Il a été contraint de partager le pouvoir en 2009 dans un contexte d’effondrement économique, installant son rival Morgan Tsvangirai comme premier ministre.

2017 : Alors qu’on craignait qu’il ne prépare sa femme Grace à lui succéder, l’armée – son alliée de longue date – s’est retournée contre le président et l’a forcé à démissionner.

Les réactions à sa disparition

Energy MUTODI : Vice-ministre de l’Information parti Zanu-PF :

« Le parti était « très attristé » par sa mort. En tant que gouvernement, nous sommes très proches des membres de la famille Mugabe. C’était un homme de principe : il ne pouvait pas changer facilement ses convictions. C’est un homme qui croyait en lui-même, qui croyait en ce qu’il faisait et qui était habité par une grande conviction en ce qu’il disait ». C’était un homme bien…, Cependant tout le monde n’était pas d’accord sur ses choix »

David Coltart : Sénateur zimbabwéen

« L’héritage de Robert Mugabé était entaché par son adhésion à la violence comme instrument politique mais je pense qu’il s’est adouci dans ses dernières années. J’ai beaucoup d’affection pour lui, parce qu’il ne faut jamais oublier qu’il a été le premier dirigeant depuis la fin du règne oppressif de la minorité blanche »

Des fermiers blancs évincés, l’économie à terre

Lors des vingt premières années de l’indépendance, les fermiers blancs ont continué à s’enrichir. Mais la question de la réforme agraire commence à obséder Mugabe et les vétérans de la guerre d’indépendance deviennent de plus en plus exigeants. Ces derniers décident de confisquer les terres aux quelque six mille fermiers blancs du pays, le plus souvent dans la violence. Le président zimbabwéen, lui de son côté voyait donc très mal le soutien de ces fermiers à la nouvelle formation de l’opposition, le Mouvement pour le changement démocratique, MDC, créée en 1999 par le syndicaliste Morgan Tsvangirai.

A la fin des années 1990, les caisses de l’Etat sont vides et Mugabe n’a plus de cadeaux à leur offrir. La production agricole s’effondre et entraîne dans sa chute toute l’industrie agroalimentaire : les engrais ne sont plus fabriqués, le tabac n’est plus transformé. Alors que le pays est à genoux, Robert Mugabe s’engage dans une fuite en avant. Il demande au gouverneur de la Banque centrale, de faire tourner la planche à billets. L’inflation atteint des niveaux catastrophiques. Mugabe ne se sent aucunement responsable de la déroute de son pays. Dans tous ces discours, il désigne pour responsable la communauté internationale et son régime de sanctions.

Seyram Kudahe

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